Grandir, c'est mourir un peu.
Non contents de tuer les lundis, les suédois de Killmonday ont décidé de tuer l’été avant sa fin officielle. Dans Little Misfortune, les feuilles tombent déjà, et dès 17h les rayons du soleil orange dardent leurs rayons à travers les bosquets pour nous niquer les yeux. Un matin, la petite Misfortune Ramirez Hernandez, 9 ans, entend une voix off qui lui promet le “bonheur éternel”. La gamine - dont le taux d’espièglerie égale la mignonnitude - entend bien gagner ce lot et l’offrir à sa maman. Maman qui picole dans la cuisine, en attendant que papa-violent rentre décuver. Ce mélange de mignon-glauque est saupoudré de milliers de paillettes d’humour.
Un humour drôle, en plus. Il fallait bien ça pour éviter une vague de dépressions massives chez les joueurs les plus fragiles. Ce détachement face aux drames évoqués, on le doit souvent à l’âge de notre héroïne, qui la protège encore - pour peu de temps - de la violence crue de la vie d’adulte. Entre mille et autres thèmes abordés, on peut choisir de voir dans Little Misfortune une œuvre sur l’enfance qui meurt. Sur le vernis de l’imaginaire qui craquèle plus ou moins vite selon les parcours. Dans les instants fugaces de légèreté et de rire salvateurs, c’est comme si le jeu nous tapait sur l’épaule d’une main empathique pour nous dire : “Te bile pas va, ça fait partie du lot quand on est vivant ! “. Je pleurs pas, c'est le soleil.